Qui n’a pas déjà entendu cette fameuse phrase lancée à propos d’un petit garçon : « il est en plein complexe d’Œdipe ! »
Ça veut dire quoi au juste ? Qui est Œdipe ? Et pourquoi on en veut tellement aux bébés d’être accrochés à leur mère… ?
La légende d’Œdipe
Œdipe est un héros de la mythologie grecque.
Il y a bien longtemps, le roi Laïos et la reine Jocaste souhaitaient en vain un garçon pour assurer leur succession.
Un jour, le roi demanda à l’oracle ce qu’il fallait faire pour apaiser les dieux. Ce fut une atroce prédiction que rapporta l’oracle : « il te naîtra un fils et avec lui, le malheur s’abattra sur ton palais. Tu mourras toi-même de sa main »
Lorsque Jocaste mit au monde un garçon, Œdipe, la joie céda la place à la terreur. Laïos ne voulut pas voir l’enfant et ordonna qu’un berger l’emporte dans la montagne et l’abandonne aux animaux sauvages. Mais le berger prit pitié de cet innocent et le sauva de la mort.
Œdipe grandit et devint adulte. Un jour, il rencontra un vieil homme (son père) et deux serviteurs sur sa route. Je vous passes les détails mais ils se mit à se quereller avec eux et les tua !
Ensuite, il se rendit à la ville de Thèbes où un terrible Sphinx terrifia les habitants de la ville en leur posant une énigme. S’ils ne résolvent pas l’énigme, le sphinx les précipite dans l’abîme.
Évidemment le jeune héros répondit correctement, il devint roi de Thèbes et épousa Jocaste (qui est sa mère).
Le complexe d’Œdipe en tant que concept psychanalytique
C’est à Freud que nous devons le nom de cette théorie : le petit garçon est amoureux de sa mère et désire tuer son père.
Que nous dit réellement la légende d’Œdipe ?
Œdipe ne savait pas que c’étaient ses parents ! Il n’avait aucune envie de tuer son père ni de se marier avec sa mère. D’ailleurs, quand il connut la vérité, il se creva les yeux et sa femme Jocaste (sa mère) se suicida.
Selon Carlos Gonzalez (pédiatre et président de l’Association catalane pour l’allaitement maternel – ACPAM), le mythe d’Œdipe nous parle de tout le contraire : la peur irrationnelle qu’éprouvent certains pères de se voir supplantés par leur enfant dans l’amour de leur mère.
Peur qui poussa Laïos à renier et abandonner son propre enfant. Il sema le mépris et récolta la haine alors qu’il aurait pu semer l’amour et récolter le respect.
On devrait plutôt parler du « complexe de Laïos » ! Les pères souffriraient de se sentir exclu d’une relation si étroite entre la mère et son bébé !
« Un mari on le trouve dans la rue, mais un enfant, on l’a porté en soi » C. Gonzalez
En partant avec cet autre point de vue, je pense qu’on en demande beaucoup aux « nouveaux » pères : ils doivent être présents, impliqués, concernés mais aussi pas trop invasifs. Il va sans dire qu’ils doivent respecter les choix parfois saugrenus de leur femme sans rien dire 😉
Mais certains combats ne sont pas placés au bon endroit ! En effet, sous prétexte d’une jalousie enfouie et non exprimée de se sentir exclus de la relation étroite de la mère avec son bébé, les pères vont de manière maladroite engendrer d’autres problèmes.
Mais est-ce la « faute » des pères, de nos croyances ou de notre société patriarcale ?
L’allaitement en péril
L’allaitement sera le premier coupable de cette relation fusionnelle mère-bébé ! Certains croiront que le père doit donner le biberon afin qu’il soit important aussi. Mais faut savoir, important pour qui ?
Alors que les occasions pour ceux qui veulent s’impliquer dans les soins d’un bébé ne manquent pas : il faut faire les courses, la cuisine, le ménage ou le repassage. Donner le bain, habiller, changer la couche, le bercer ou encore promener le bébé.
Le co-dodo en péril
Second coupable : le fait que le bébé dorme dans la chambre avec ses parents ! Certains croiront que ce n’est pas la place du bébé étant donné que la chambre conjugale semble être le seul endroit pour avoir des relations intimes avec son partenaire…
Pour enlever toute illusion, sachez que le soir et la nuit vous aurez juste envie de plonger dans votre lit et espérer y dormir 1h d’affilée avant que votre bébé ne vous réveille. Et rien de plus ! au début en tout cas 🙂
Et puis, pourquoi ne ferait-on pas chambre à part avec notre partenaire puisqu’on le fait avec les enfants ?
Au début de leur vie sur terre, les bébés ont besoin pendant plusieurs mois d’un contact physique étroit avec leur mère dont le corps est leur habitat naturel. Je vous revois à mon article sur le portage.
Et le complexe d’Œdipe dans tout ça ?
Cet article traitait surtout du complexe des pères !
Le complexe d’Œdipe, s’il existe, est une phase normale dans le développement de l’enfant entre 3 ans et 6 ans.
Il y a des moments où les enfants se tournent davantage vers un parent au détriment de l’autre, pendant une période donnée.
Que faire ?
Si votre enfant essaie de vous éloigner de votre partenaire lorsque vous vous prenez dans les bras, remettez gentiment les choses au clair et dites-lui qu’il est normal que vous vous fassiez un câlin.
Restez rassurant en disant à votre enfant que l’amour d’un parent pour son enfant est très fort, mais aussi très différent de l’amour qu’il a pour son partenaire.
Essayez de ne pas vous fâcher devant les attitudes d’opposition ou les élans d’amour de de votre enfant. Il est en pleine construction, il a des tas de choses à apprendre et c’est à vous de lui enseigner !
Si cela vous intéresse, je peux creuser cette partie-là et vous proposez un podcast à ce sujet ! Dites-moi en commentaire…
Et sinon, dites-moi en commentaire comment ça se passe chez vous ? Avez-vous été soutenue par votre partenaire dans vos choix d’allaitement ou de cododo ? ou au contraire, c’est une source de conflit ?
Merci pour cet article Laetitia !
De notre côté, papa est très investi et ne semble pas jaloux même si il a pu souffrir un peu parfois d’être mis de côté par notre fille qui a bientôt 3 ans. Ca va mieux depuis quelques temps et il en est ravi !
Par contre, toujours aussi difficile pour elle de nous laisser nous faire un câlin ou nous donner la main. On lui explique, même que « c’est parce qu’on s’aime qu’elle est là aujourd’hui » mais rien n’y fait. J’imagine que c’est encore difficile de raisonner à son âge…
Avec plaisir pour un podcast ! 🙂