L’autre jour, j’étais en train de lire le livre d’Isabelle Filliozat « Il n’y a pas de parent parfait, l’histoire de nos enfants commence par la nôtre » et le passage de l’épuisement maternel m’a inspiré.
Devenir Maman
Ce à quoi aspirent beaucoup de femmes.
On nous fait croire que la maternité est la plus belle expérience de la vie d’une femme… elle l’est mais elle est aussi accompagnée de bien des difficultés.
À la fin du 20e siècle, les femmes obtiennent le droit de disposer de leur corps, avec l’accès à la contraception et la dépénalisation de l’avortement. La maternité (re)devient un choix. Dès lors, la vision et le vécu de la maternité se modifient… et s’idéalisent : les femmes enceintes attendent toutes « un heureux événement » parce qu’elles sont censées désirer leur enfant et avoir planifié leur grossesse.
Comme si « Être maman » était devenu le rôle de notre vie. Un rôle auquel nous n’avons pas été préparées. Personne ne nous prépare au fait que l’on va devoir gérer notre propre fatigue en même temps que celle de nos enfants. On ne dit pas que nous serons plus vulnérables, face à nos propres émotions. Personne ne nous dit qu’il peut nous arriver de craquer devant une manne de linge sale !
Parce qu’il y a un côté plus sombre dans le fait de devenir mère et que c’est bien de le savoir avant afin de trouver des ressources nécessaires quand ça vous tombe dessus… et bonne nouvelle, ceci peut vous tomber dessus aussi messieurs ! (Oui je suis un peu cynique parfois…)
C’est encore un sujet tabou dans notre société !
Nous vivons dans une société du paraître, de la performance, de l’efficacité à tout prix. Ce que la radio ou la télé diffusent est bien là pour nous le rappeler : inconsciemment, il faut fonder une famille… et parfaite bien entendu !
Ces tabous devraient être brisés et les mères devraient être accompagnées comme elles le méritent et sans honte.
Et au niveau du boulot ?
Au niveau professionnel, quand les femmes annoncent leur grossesse, consciemment ou inconsciemment, elles sont mises de côté par leur employeur ou collègues (ou par elle-même ?!). Quand elles sont en congé de maternité, alors que ce n’est pas du tout un congé, elles sont dans la case : hors service, hors d’usage ! Je caricature ?! peut-être un peu… :- )
« Waouw trop bien, tu vas être en congé pendant 3 mois ! » « Mais tu fais quoi de tes journées, tu ne travailles pas ?! »
Selon une étude, être Maman équivaut à avoir deux jobs à temps plein.
Donc même si c’est une expérience extraordinaire, c’est loin d’être de tout repos !
Ici la vidéo d’une interview pour le job de « Directeur des Opérations ». J’avoue que j’ai versé quelques larmes…
Pourquoi me plaindre, j’ai tout pour être heureuse !
Dans le livre d’Isabelle Filliozat, je cite : Chaque parent est susceptible d’être victime de l’épuisement maternel. Toutes les mamans, même celles qui ont l’air d’assurer, vivent un quotidien hautement stressant. Une multiplication de tâches répétitives, fort peu de reconnaissance, des contraintes horaires démentes, un tas de situations sur lesquelles elles n’exercent aucun contrôle, l’impossibilité s-de se concentrer sur une tache sans être interrompue dix fois et cela 24h/ 24 et 365 jours par an pour une durée indéterminée. Car il est impossible de démissionner du métier de mère.
C’est si merveilleux un bébé. Qu’est ce qui épuise tant les mamans ? Justement cette impossibilité de se plaindre puisque sa situation est si « merveilleuse ».
Liste de 5 sources d’épuisement
En continuant la lecture du livre, l’auteure parle de Violaine Guéritault (auteure de « L’épuisement maternel et comment le surmonter ») qui a établi une liste des agents stresseurs de la vie de mère :
1. le travail de maman est un éternel recommencement de chaque tâche. Elle lave, nettoie. Tout est sali de nouveau quelques minutes plus tard, privant la maman de ce sentiment d’accomplissement qui donne sens au travail et énergie.
2. la maman vit de nombreuses situations sur lesquelles elle n’a aucun contrôle. Elle voudrait protéger son enfant de tout, mais se retrouve souvent impuissante. Accidents, hospitalisations, mais aussi au quotidien, devant les coliques du nourrisson, les dents qui poussent ou une piqûre de guêpe.
3. ce qui caractérise les tout-petits, c’est l’imprévisibilité. La mère planifie sa journée, qui va à coup sûr être chamboulée. Vous partez voir une amie, au moment de mettre le bébé dans la voiture, il faut changer la couche… Même si vous êtes très organisée, votre nourrisson saura déstabiliser votre emploi du temps. Quand arrive le soir, une maman éprouve souvent ce sentiment très pénible : « Je n’ai rien fait de ma journée ».
4. tout travail mérite récompense… Il semblerait que cela ne s’applique pas au travail de mère. Elle est idéalisée et honorée le jour de la fête qui lui est consacrée, mais au quotidien elle reçoit fort peu de reconnaissance. Tout ce qu’elle fait est considéré comme un dû.
5. a cela s’ajoute qu’elle n’a pas le droit à l’erreur. Elle met elle-même la barre très haut.
« On s’attend à ce qu’une femme travaille comme si elle n’avait pas d’enfant et qu’elle élève ses enfants comme si elle n’avait pas de travail » Julia Simon
Une colère refoulée
Isabelle Filliozat explique que le déséquilibre de la répartition des tâches peut affecter l’amour d’une mère pour son enfant. Que l’amour d’une maman peut dépendre de la vaisselle ou de l’aspirateur !
Trop de linge à laver, trop de sols à récurer, trop de cuisine à cuisiner et de vaisselle à laver, tout cela peut altérer la capacité d’amour.
En fait, ce n’est pas la tâche elle-même qui éloigne l’amour, mais le sentiment d’injustice. Une injustice rarement reconnue comme telle. Une injustice qui se trouve résumée dans cette constatation quotidienne : s’il change une couche, on le trouve merveilleux. Si elle change une couche, personne ne l’admire. C’est « normal ».
L’instinct maternel ?
Elle poursuit en disant que dans notre société, on attend des femmes qu’elles sachent y faire, comme si chez elles c’était inné. Elles sont réputées être professionnelles tandis que les quelques mâles qui s’y risquent sont considérés comme des amateurs. La réalité est qu’elles ne savant rien de plus que les hommes. Certes, elles sécrètent les hormones de l’attachement et ont le biberon intégré, mais rien n’est inscrit dans leurs gènes sur la meilleure marque de couches, les vaccins ou les relations avec les professeurs. Sans compter qu’il faut s’ajuster sans cesse. Et aucun enfant ne ressemble à un autre.
« Si toutes les mamans ne sombrent pas dans la dépression, une immense majorité – pour ne pas dire toutes – passe par une phase fugace, récurrente ou prolongée d’épuisement. » I. Filliozat.
Le burn-out maternel, pas qu’une histoire de femmes
Et enfin, le fameux mot tabou arrive : le burn-out maternel ou le burn-out parental.
Le burn-out n’est pas dû à une quelconque fragilité de la femme. Il n’est pas dû au fait qu’elle aurait un passé plus douloureux qu’une autre, mais résulte de l’interaction avec son entourage. Inutile de lui donner des médicaments : ce n’est pas elle qui est à soigner, mais son environnement qui est à repenser. Ce n’est pas non plus une pathologie réservée aux femmes. Une pédiatre suisse a démontré que les pères vivent exactement les mêmes états quand ce sont eux qui restent à la maison pour s’occuper du bébé.
Emotions réprimées, dévalorisation de soi, éloignement émotionnel, distance affective, impuissance, frustration… le cocktail est explosif ! Quand une maman craque et maltraite son enfant, c’est toute la société qui doit en porter la responsabilité, pas seulement elle.
Et après ?
Oui ce sujet est un peu plus lourd mais je pense que c’est important d’en parler… Si vous pensez être en burn-out parental, on peut déjà en parler mais un suivi plus spécialisé sera nécessaire.
Dans un prochain article, je vous exposerai des pistes de solutions (ah beh oui, sinon c’est la déprime !)
=> Dites-moi en commentaire si vous aviez connaissance de cet état d’épuisement ? Liker et Partagez si vous connaissez quelqu’un qui aurait besoin de lire ces lignes. Ça vous intéresse quand je vous partage des passages de livres ?
c’est très bien ce dernier article
maman
Merci ma ptite Maman 😉
Oui et on attend le suivant avec impatience !! 😉
Hihi, tu me mets la pression là 🙂
Il m’en a fallu des années pour prendre conscience de mon état d’épuisement, jusqu’au jour où j’ai commencé à réfléchir à comment venir à bout de ma vie et de celle de mes 4 enfants. Aujourd’hui, je travaille sur moi, sur le fait de m’écouter et de respecter mes limites. Mais la route est longue, et il est difficile de voir le bout du tunnel quand l’entourage est peu aidant…
Courage à toutes celles et ceux qui passent par ces moments pénibles et si souvent incompris.
Merci beaucoup pour votre commentaire 🙂
Et oui, la route est longue et jamais de tout repos finalement…
Dans un prochain article, j’aborderai des pistes pour « s’en sortir » ou du moins prévenir cet état d’épuisement
Super article Leti 💖💖💖
Merci Miss 😉