L’allaitement engendre très souvent des réactions passionnées et disproportionnées. On entend des tas de conseils autour de nous et on ne sait plus quoi faire pour bien faire !
Je me souviens de cette question qui revenait quand j’étais enceinte de mlle 4 ans : « et tu vas allaiter ton bébé ? »
Et puis cette question quand elle était née : « tu la nourris ?! »
Et quand tout était bien en place : « tu vas arrêter quand ?! »
Avant d’avoir mlle 4 ans, j’étais persuadée que j’allais allaiter et que ça allait bien se passer. Je ne comprenais pas pourquoi les autres femmes disaient qu’elles n’avaient pas de lait ou que cela faisait extrêmement mal et que ce n’était donc pas possible… comment l’Humain est-il arrivé jusqu’à notre époque si on n’a pas été allaité durant une période de notre Histoire ??
Que font les autres mammifères avec leurs petits ?
Pourquoi je n’arrive pas à allaiter mon bébé ?
Allaiter son bébé : Pourquoi, comment, combien de temps ? Cela dépendra de chacune. En fonction de son histoire et de ses croyances.
Y a t-il une définition « normal » de l’allaitement maternel ? Je dirais que non…
Par contre, il faut abandonner les consignes rigides et standardisées. Chaque couple mère-bébé est unique. Il faut juste avoir confiance en ce projet si c’est ce que vous souhaitez profondément.
Je pointe « il faut juste » car c’est évidemment facile à dire et pourtant, c’est si facile à faire 😉 si si je vous assure : toutes les femmes peuvent allaiter leur bébé ! Il faut juste mettre les choses dans l’ordre et dans leurs contextes.
Que dit l’Organisation Mondial de la Santé (OMS) ?
Longtemps considéré comme dépassé, l’allaitement retrouve aujourd’hui sa juste place. En effet, toutes les données scientifiques vont dans le même sens : l’allaitement est bon pour les bébés mais aussi pour les mères.
L’OMS recommande un allaitement maternel exclusif jusqu’aux 6 mois du bébé et jusqu’aux 2 ans de l’enfant, en complément d’une alimentation solide.
Pourtant, malgré ces recommandations, ce n’est pas évident de s’y retrouver. Par où commencer ?
L’allaitement, comment ça marche ?
Comme j’aime bien découvrir comment les choses fonctionnent de manière physiologiques, biologiques, mentales, historiques, sociales et culturelles…, je vous propose d’explorer la physiologie hormonale de la lactation. Je ne prétends pas connaitre tout le fonctionnement dans les détails car c’est assez complexe mais je me suis renseignée et je vous transmets ce que j’ai compris 😉
Comprendre le fonctionnement physiologique de l’allaitement aide à être mieux outillé.e.s pour mettre en place ce beau projet et ainsi faire face aux éventuelles remarques et désagréments 🙂
Lactation vs Allaitement
La lactation est un processus biologique de fabrication du lait, d’éjection du lait hors de la glande mammaire (c’est quand le lait sort tout seul goutte à goutte ou parfois en spittant !) et de régulation du lait.
L’allaitement est le comportement de la femme qui offre du lait à son bébé.
Le sein a une fonction biologique nourricière et non esthétique ou sexuel !
Qui lance la lactation ?
Le bébé est l’élément déclencheur de la lactation 😉 ou plutôt le mouvement de succion du sein par le bébé.
Cela envoie un signal à l’hypothalamus (de la maman) qui dit à l’hypophyse de sécréter 2 hormones : la prolactine et l’ocytocine.
C’est la mère qui fabrique le lait et c’est l’enfant qui est le moteur de la lactation.
Que se passe-t-il côté maman ?
Le point de départ : l’hypothalamus. C’est notre système nerveux central, notre cerveau primitif (le crocodile, voir mon article sur les 5 éléments qui empêchent les femmes de vivre un accouchement physiologique ). Ce système fonctionne de manière autonome et involontaire : il gère les fonctions biologiques tels que la régulation thermique de notre corps, la reproduction, la gestation et la lactation !
L’hypophyse : est une glande dans notre cerveau qui sécrète les hormones via la circulation sanguine. Sous l’ordre de l’hypothalamus, l’hypophyse va sécréter la prolactine et l’ocytocine.
La prolactine : permet la production et le maintien de la lactation, elle bloque l’ovulation quand la pratique de l’allaitement se passe correctement (c’est-à-dire avec des tétées suffisamment proches), elle influence le sommeil et elle a des tas d’autres fonctions.
L’ocytocine (aussi appelée la LOVE hormone) est sécrétée lorsqu’on se sent bien. C’est l’hormone du lien, du plaisir, elle favorise la détente. Elle permet les contractions de l’utérus lors de l’accouchement, elle favorise l’éjection du lait.
Les facteurs (parmi d’autres) qui vont permettre à la prolactine et l’ocytocine de se mettre en route sont la succion du bébé (les moments de la tétée), le sommeil lent profond de la femme (les pics de prolactine se déroulent pendant les siestes et la nuit) et un environnement calme et sécurisant (tiens tiens, comme lors de l’accouchement).
Pourquoi on dit la « montée de lait » ? on n’a pas vraiment du lait qui monte 🙂 c’est en fait le sang qui circulait au niveau de l’utérus pendant la grossesse, qui va se concentrer sur les seins après l’accouchement afin de permettre la mise en route de la lactation.
Que se passe-t-il côté bébé ?
Durant les premières heures de vie du bébé, quand il est en phase d’éveil calme, on lui propose le sein, il le découvre, tète et se sent bien.
Puis quand il dort, il va mémoriser que le sein = plaisir.
Au prochain réveil, il sera content de retrouver le sein.
L’enjeu des premières tétées est que le bébé se plaise au sein, pas qu’il mange. C’est une phase d’apprentissage.
Les premiers contacts doivent donc être positif et se faire dans le calme et le plaisir.
Quand le lait est-il fabriqué ?
Le lait est fabriqué et sécrété en continue. Mais pour entretenir la production de lait, le bébé a besoin de téter souvent.
Plus le bébé est mis au sein, plus le lait est fabriqué.
Si on a l’impression (je dis bien impression… je reviendrai sur ce concept dans un autre article) qu’on n’a plus de lait ou qu’on a une baisse de production lactée => il faut se reposer. Pourquoi ? on l’a vu plus haut : la prolactine est favorisée lors du sommeil et donc pour que la prolactine fasse son job, c’est-à-dire produire du lait, R E P O S E Z – V O U S !
Donc quand votre sage-femme ou votre doula vous dira : « repose-toi dès que ton bébé dort au lieu d’étendre le linge », et bien vous comprendrez pourquoi 😉
Les seins ne sont pas des réservoirs mais des glandes qui produisent le lait, en dehors et surtout pendant les tétées.
Les questions à se poser durant la grossesse
Avez-vous envie de vivre l’allaitement ?
Serez-vous fière de vos seins gonflés, du lait qui coule en abondance, de votre nouveau corps de mère ?
Physiologiquement, TOUTES les femmes qui ont eu un bébé peuvent allaiter.
C’est rarement impossible. Excepté en cas de rares pathologies qui empêchent la lactation (généralement connues avant la grossesse). Cela peut être plus difficile pour celles qui ont subi une chirurgie mammaire ou celles qui ont des mamelons très ombiliqués.
Mais alors pourquoi est ce blocage ? Parce que toutes les femmes ne souhaitent pas allaiter. Cela dépendra de leur motivation.
Et dans la motivation, il y a deux éléments à considérer : le désir et la volonté.
* La femme qui a un désir + et une volonté + => ok, elle va allaiter quoi qu’il arrive.
* La femme qui a un désir – et une volonté + => elle n’a pas un besoin viscéral de le faire, donc à la première difficulté elle va abandonner et par la suite, va le regretter. Elle aura besoin d’un accompagnement dans sa démarche d’allaitement.
* La femme qui a un désir + et une volonté – => elle le sent, elle en a besoin mais à la première difficulté elle va abandonner et par la suite, va aller mal. Elle aura également besoin d’être accompagnée.
* La femme qui a un désir – et une volonté – => c’est très clair qu’elle n’en a pas besoin, qu’elle n’en a pas envie et donc il n’y a pas de difficulté sur son choix de ne pas allaiter.
En tant que doula, quand j’entends « si je sais, je vais essayer d’allaiter », mon job sera d’aller explorer avec vous si vous en avez vraiment envie, ensuite d’aller voir ce qu’il se passe dans votre histoire, dans vos croyances et tourner vos affirmations autrement, comme par exemple : « je sais allaiter, mon corps sait comment faire », il faut juste trouver comment s’y prendre 😉
Suis-je une mauvaise mère si je n’arrive pas à allaiter mon bébé ?
Chaque mère fait des erreurs ou n’agirait pas de la même façon si c’était à refaire.
Si l’on n’a pas la chance d’être accompagnée, informée ou si on fait face à un entourage qui ne soutient pas notre choix, il peut arriver (et c’est malheureusement fréquent) que l’allaitement ne se mette pas correctement en place.
Notez qu’il faut compter un (bon) mois pour qu’il se mette bien en route.
Donc NON, vous n’êtes pas une mauvaise mère si vous ne parvenez pas à allaiter comme vous n’êtes pas une mauvaise mère si vous décidez de ne pas le faire.
« L’allaitement, pour les femmes qui choisissent librement de le vivre, est un merveilleux privilège, un des temps forts de leur corps de femme. Nul ne pourra leur enlever. C’est donc au niveau de ce que l’on veut vivre dans son corps que le choix doit être le plus clair » (M. Thirion « L’allaitement »)
Maintenant que vous savez que nous sommes programmées pour allaiter, que notre sein a pour mission de nourrir un bébé, comment vous sentez-vous avec ces infos ?
Si vous sentez des regrets, n’oubliez pas que vous avez fait ou vous faites du mieux que vous pouvez avec les informations et les ressources à votre disposition à un instant T.
Merci de me lire et à très vite 🙂
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